Chamonix Zermatt
Crapahut – Raid Chamonix-Zermatt du 1er au 7 août 2020
JOUR 1Â : Lyon – Refuge Albert 1er (2712m)
Notre odyssée valaisanne  et glaciaire débute ce samedi 1er août sur le parking de Crapahut, où nous nous retrouvons à 8h, pour une première épreuve de pesée de sac, histoire de nous mettre en condition psychologique pour la semaine. Malgré le tri et les efforts, on tourne plus ou moins autour des 12 kilos.
Trois voitures quittent les lieux, Georges en mode « vintage », sous une belle météo engageante, direction Le Tour à Chamonix. Après une pause « technique », masquée, et un Perrier tranche à Argentière, nous rejoignons dans la bonne humeur le parking des remontées mécaniques de Charamillon. Le pic-nic est prévu avant le départ, afin d’alléger au maximum le sac ! Un petit coin d’ombre au-dessus du parking nous accueille. Dernières vérifications d’usage… et c’est le départ à 12h30, sous un soleil de plomb, qui débute par deux tronçons de remontées nous permettant ainsi de gagner presque 700 m de D+. La télécabine a failli nous faire tourner de l’œil, tellement la chaleur est prégnante ! Heureusement, le télésiège de la Balme se charge de nous ventiler avant d’attaquer le sentier en direction du refuge Albert 1er. Halte imprévue après 200 m de montée, Emmanuel s’apercevant que ses crampons sont restés dans la voiture… Contraint de redescendre, il sécurise son sac dans un buisson pour s’épargner la charge et le reste de la troupe reprend la montée. Nous traversons à flanc de montagne, d’abord au milieu de la végétation puis dans un décor minéral en remontant la moraine du glacier du Tour. Très belle vue sur l’aiguille du Chardonnet et les séracs du glacier. A 15 h, nous atteignons le refuge Albert 1er, à 2712 m. Installation dans un dortoir de 10. Farniente dans la superbe salle du refuge et son coin détente, bière en observant au loin les orages qui sévissent sur Chamonix. Emmanuel arrive mouillé ! Dîner 3 étoiles, aux saveurs épicées, qui régale nos papilles avec un tajine de cabillaud et un gâteau de Savoie orange/cannelle/anis !!! Petit voyage gustatif avant de rejoindre nos couchettes à 21 h.
Bilan de la journée : D+ 500m / Temps de randonnée : 2h (un peu plus pour Emmanuel !!)
JOUR 2 : Refuge Albert 1er – Chalet d’Arpette
Dimanche 2 août, réveil à 5h30, petit déjeuner 6h et départ du refuge à 7h, sous une belle lumière matinale malgré les résidus nuageux de la nuit. Progression dans les rochers jusqu’au glacier où nous nous équipons et formons nos 3 cordées. Nous commençons la remontée facile du glacier, enjoués et happés par l’environnement glaciaire. Après une montée de presque 700 m, nous atteignons le col Blanc, à environ 3 400m, transportés par la beauté du spectacle sous nos yeux, sur 360° ! Succession de sommets enneigés, pointes rocheuses, glaciers, corniche, rimaye sous un ciel bleu… sauf que le col Blanc n’est pas la destination attendue ! Nous entamons alors une traversée par les rochers dans l’espoir de trouver un passage pour rejoindre le col du Tour, itinéraire initialement visé. Petite « victorinade » bien chargée d’adrénaline, sans possibilité de sortie ; il nous faut raisonnablement quitter les rochers et redescendre sur la neige où nous remettons les crampons. Remontée au col Blanc dans l’idée de trouver un passage et une trace. Pause pique-nique avant toute décision et pour recharger les batteries ! La découverte d’un « corps mort » sécurisé et installé dans la neige nous laisse envisager une possibilité de descente en rappel (frissons garantis…) pour passer la corniche. Toutefois, nos longueurs de cordes et notre équipement rendent cette option caduque (pour la grande satisfaction de certaines !!). Le passage de la rimaye, un peu plus loin, n’étant pas non plus envisageable, le choix final raisonnable, compte tenu de l’heure et du changement de temps qui s’annonce, se porte sur un retour au point de départ, avec transfert en voitures jusqu’au Chalet d’Arpette, initialement prévu comme 2ème étape de notre raid. Il faut juste s’assurer que l’on nous attendra bien à l’arrivée !!! Un coup de fil pour le confirmer et surtout réserver le repas du soir !!! Fondue proposée et adoptée, on retrouve des ailes pour reprendre la descente, d’abord jusqu’à l’Albert 1er, puis, moins motivant, jusqu’aux remontées mécaniques que nous comptons bien utiliser pour éviter le tronçon final à pieds, ces derniers en ayant assez pour la journée !! Le temps se gâte et l’heure avance, il nous faut activer la descente pour assurer la télécabine !! Françoise s’en charge. Peu avant la fermeture, nous embarquons, sans pouvoir négocier financièrement la redescente par les temps qui courent !!! La pluie nous attend à la sortie. Nous rejoignons nos voitures, direction la Suisse, par le col des Montets, de la Forclaz, puis par le val d’Arpette et une petite montée en lacets successifs au-dessus de Champex. Nous arrivons dans les temps, il nous est même encore possible de savourer la douche chaude programmée de la semaine !! Grand luxe ! Installation en dortoirs spacieux, répartition garçons-filles ! La salle de restaurant est bien remplie et animée par les déambulations d’une hôte qui fait tourner la tête de l’aile masculine de notre équipe ! On s’offre une bière avec la soupe avant d’enchainer le Fendant avec la fondue !! Le tout bien mérité après notre journée marathon !!!
Grande nuit réparatrice et grasse matinée avec réveil programmé à 6h30 !
Bilan de la journée : D+ cumulée : 910 m / D- cumulée : 1700 m !!
Temps de randonnée : 10h15
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JOUR 3 : Chalet d’Arpette – Cabane des Dix (2927m)
Lundi 3 août, petit déjeuner à 7h après une bonne nuit, puis nous quittons les lieux avec nos voitures pour rejoindre, à l’issue d’une montée en lacets bien rythmée, le parking du barrage de Dixence. Matériel chargé, nous reprenons notre raid et redémarrons la randonnée vers 10h au pied de cet immense barrage impressionnant et imposant, qui s’érige dans la grisaille matinale. Une petite grimpette appuyée (+270m) nous emmène jusqu’au barrage supérieur, après une halte rapide à la petite chapelle intermédiaire. Etape assez sauvage qui nous fait cheminer sur le sentier tout le long de la rive du lac, spectacle rendu majestueux par cette immense retenue d’eau couleur vert-gris et ses multiples chutes d’eau. On marque une pause casse-croûte avant d’attaquer une 2ème grimpette, d’abord dans la végétation puis dans des éboulis faciles, sous les variations des nuages bien présents. Un petit replat avant de rejoindre la crête de la moraine, et une dernière grimpette sous la pluie nous attend avant d’atteindre la cabane des Dix vers 14h30, à 2927m, où la pluie commence alors à se mélanger à la neige et au brouillard…
Accueil très sympathique du jeune gardien, alpiniste, musicien et philosophe de la vie, et de son équipe. Installation, séchage, étirements, massage à l’arnica pour les privilégiés , farniente dans les poufs et avec la chienne samoyède du gardien qui nous fait tous craquer ! La Dolce Vita suisse ! Sans oublier la traditionnelle bière réparatrice ! Le dîner nous ravit les papilles, une fois de plus, avec une soupe au chou délicieuse et un curry de poulet/couscous, gourmand et inattendu ! Le relevé de neige sur la traverse du volet, avant et après repas, nous laisse songeurs et perplexes quant au programme du lendemain… Certains optent pour une belotte endiablée avant la pause nocturne, d’autre pour un Génépi local ! La soirée s’achève feutrée par la neige qui continue de tomber doucement mais sûrement…
Bilan de la journée : D+ cumulée : 880 m / D- 70 m / Altitude la plus haute : 2980 m
Temps de randonnée : 4h30
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JOUR 4 : Cabane des Dix (2927m) – Pas de Chèvres – Arolla (2006m)
Mardi 4 août, réveil sous la neige fraîche !!! 10 centimètres recouvrent la terrasse, température négative + brouillard avoisinant ! Il nous faut à nouveau réajuster le programme de la journée et se rendre à l’évidence… : abandonner le Pigne d’Arolla et la cabane des Vignettes, et viser une descente sur Arolla pour y passer la nuit.
Nous quittons le refuge à 8h, parés contre la neige ! Direction le pas de Chèvres. La visibilité est fortement réduite et nous démarrons un jeu de piste pour repérer les balises et les piquets directionnels. Un guide germanophone, « coupé avec un ours » selon l’analyse fine de Georges, nous ouvre la voie en passant devant ! Les yeux de lynx d’Emmanuel sont tout autant appréciables à maintes reprises ! L’itinéraire démarre par une descente dans la caillasse enneigée où la vigilance est de rigueur, avant un léger replat récupérateur dans les alpages, toujours enneigés, puis nous enchainons une remontée à nouveau dans la caillasse et les éboulements qui résonnent aux environs. Le pas de Chèvres est atteint. Victor se charge de déneiger et dégivrer les barreaux, Emmanuel prend sur lui pour réaliser sa première prouesse du raid, au-dessus du gaz avoisinant ! Passage à 2855m, toujours dans une ambiance plutôt hivernale ! Une descente ponctuée d’une courte pause et nous reprenons la direction d’Arolla. On retrouve les alpages au milieu des vaches imposantes d’Hérens, pause pic-nic où la principale vigilance s’impose : éviter les bouses !! Une fois restaurés, une descente tranquille nous conduit jusqu’à Arolla, inondé des traditionnels géraniums du Valais suisse ! La quête d’un hébergement pour la nuit s’en suit et c’est à l’hôtel de la Tza que le patron nous trouve finalement des chambres doubles et un dortoir disponible à l’annexe ! On s’accorde un café bien mérité, puis répartition des couples en tout bien tout honneur, avant le 2ème luxe de la semaine, hors programme : une nouvelle douche inespérée !! Serviette de bain et sèche-cheveux à disposition !! Un air de Club Med !!
Le goûter s’organise autour de notre bière traditionnelle, les membres les plus connectés sont aux anges, Wi-Fi illimité à disposition !!! Pas de bœuf d’Hérens dans la demi-pension mais une côte de porc fondante et un plat gargantuesque de légumes/pommes de terre nous rassasient largement !
Bilan de la journée : D+ cumulée : 930 m / D- cumulée : 1200 m
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JOUR 5Â : Arolla (2006m) – Plan Bertol – Cabane Bertol (3311m)
Mercredi 5 août, 2ème grasse matinée du raid puisque l’hôtel ne sert les (superbes !) petits déjeuners qu’à partir de 7h30. On s’organise pour être opérationnels dès la fin, mais nous sommes contraints d’attendre les pic-nics commandés pour le midi ! On quitte la pension sous un temps radieux, à 8h20, direction la cabane Bertol !
Après un court passage sur la route, nous retrouvons les sentiers et cheminons dans le vallon du glacier bas d’Arolla, en direction de la moraine. Belle montée caillouteuse jusqu’au Plan Bertol où nous nous accordons une agréable et panoramique pause détente + casse-croute d’une 1h30, avant de reprendre la montée en direction du glacier final où nous remettons les crampons, là où d’autres déambulent en shorts et manches courtes… Belle montée enneigée qui s’intensifie à l’approche de la cabane ! La vue est grandiose tout du long et la surprise de taille au pied de la cabane, perchée à 3311 m, telle un nid d’aigle sur son rocher ! On conserve les cordées pour grimper aux échelles, nouvelles sensations fortes et belle maîtrise de soi pour Emmanuel ! Arrivée sublime vers 15h15 et spectacle saisissant ! Nous en prenons plein les yeux : Dent Blanche, Cervin à l’horizon, Dent d’Hérens, Pigne d’Arolla et Mont-Blanc de Cheillon, c’est à couper le souffle !
Sans compter les senteurs de la tarte aux abricots maison, à peine sortie du four, à laquelle nous jetons un sort pour le plus grand bonheur de nos papilles ! Un pur délice ! Les guides suisses-allemands nous offrent ensuite un spectacle d’escalade et on se charge d’animer la terrasse avant l’apéro du soir ! Le repas est servi à 18h. Nous perturbons l’organisation allemande en inversant les tablées, du fait de notre effectif supérieur ! La salle est superbe. Soupe de poix et platée de pennes à la bolognaise nous reconstituent à nouveau ! Nuit réparatrice à 3300m, les plus courageux ressortent sur la passerelle dans la nuit étoilée et sous la pleine lune pour raisons physiologiques !
Bilan de la journée : D+ cumulée : 1400m / D- : 30m
Temps de rando tout compris : 7h   Â
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JOUR 6 : Cabane Bertol (3311m) – Tête Blanche (3710 m) – Cabane Schönbiel (2694 m)
Jeudi 6 août, c’est l’ETAPE de ce raid glaciaire !!! Réveil matinal à 5h, petit-déjeuner à 5h30 et départ de la cabane vers 6h15. Descente de la cabane par l’autre versant des échelles, pour le plus grand bonheur d’Emmanuel ! Arrivés sur la neige, équipement crampons et reconstitution de nos 3 cordées. Tempête de ciel bleu au rendez-vous ! Traversée facile du plateau glaciaire en suivant une belle trace, accompagnés par le soleil levant qui court sur les crêtes et éclaire notre passage. Le panorama est extraordinaire, on découvre le Cervin à contre-jour, impressionnant sur cette face moins habituelle. Belle progression et montée au sommet de Tête Blanche (3774m), d’où la vue est encore plus époustouflante et magique à 360°. Le Mont-Blanc se détache au loin. Le vent du sommet nous rappelle à la réalité et nous entamons la descente en suivant la trace qui serpente au milieu de majestueuses et impressionnantes crevasses. Quel spectacle ! Arrivés au pied du glacier, on range les crampons et nous profitons d’une pause énergétique avant d’attaquer la moraine, qui nous réserve un nouveau parcours des plus « olé olé », montée d’adrénaline garantie ! Pause pic-nic bien méritée, et temps calme, on se pense sorti de l’auberge et nous nous préparons pour une promenade de santé jusqu’au refuge… sans savoir ce qui nous attend réellement !!! Enfilade de passages « chauds ! chauds ! », exposés, cordes, « escalade »… et nouvelle montée d’adrénaline ! On descend dans la moraine pour mieux remonter dans des passages caillouteux pas toujours engageants. Seules les balises rouges nous rassurent sur notre passage ! Des cailloux et encore des cailloux, certains qui roulent, de nouvelles cordes à utiliser et enfin le plancher des vaches, avec « Schönbielhütte » en point de mire ! Il était temps !
Baptême vertige pour Emmanuel parfaitement assuré, sous la bienveillance et grande vigilance de Michel ! Nous atteignons le refuge (2694m) vers 15h45 pour une séance hydratation XXL devant le Cervin qui nous hypnotise au 1er rang et le Mont Rose au loin ! Mini toilette au bassin, étirements pour les plus motivées et Spritz final largement mérité avant la polenta traditionnelle et notre dernière nuit en altitude. Séance photo et coucher de soleil rosé sur l’ensemble des cimes à perte de vue. Juste divin !
Bilan de la journée : D+ cumulée : 800m / D- cumulée : 1400m
Temps de rando : 9h30
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JOUR 7 : Cabane Schönbiel (2694m) – Zermatt (1600m)
Dernière étape de notre raid pour regagner Zermatt où une navette retour nous attend.
Cette fois-ci, randonnée « classique » au programme ! Le sentier chemine sans obstacle sous un dernier glacier suspendu et sous l’œil protecteur du Cervin dans sa version « Toblerone » ! Jolie descente dans les alpages à l’image des cartes postales suisses. Nous traversons le petit village typique de Zmutt, agrémenté de lauzes et raccards traditionnels. Arrivés vers 10h45, petite pause à l’entrée de Zermatt où nous investissons les bancs « détente » pour un ultime panorama sur le Cervin, avant de rejoindre l’agitation touristique de la station. Une dernière pinte chez Molino et nous sommes pour midi au rendez-vous navette. Un peu moins de 2h de trajet et nous voilà à nouveau au pied du barrage de Dixence où nous attendent nos voitures. Il est bientôt 14h, il faut songer à ravitailler nos estomacs ! L’heure et le hasard nous conduisent au restaurant du Val des Dix, sur la route. Ultime animation de la semaine, rondement orchestrée par Denise, la maîtresse des lieux et son franc parler suisse ! Spectacle et rigolade assurés pour clore en toute beauté et savoureusement notre raid suisse à l’heure espagnole ! On craque tous pour le bœuf Fleur d’Hérens, version truffe ou bolets selon les goûts, et on se laisse convaincre par Denise (qui juge que Lyon est « à côôtéé ») pour un moelleux au chocolat annoncé comme « une véritable tuerie ». On ne sera pas déçus !!!
Dernière halte et passage obligés à la frontière suisse pour ramener du Toblerone, made in là -bas !!! Et c’est sur le parking de Chamonix que notre joyeuse bande se sépare pour le retour, l’heure étant bien avancée et le monde nous privant du traditionnel pot de clôture. Petit pincement au cœur après cette superbe épopée helvétique au sommet et qui nous laissera de très belles traces !
Bilan de la journée : D+ : 105m / D- : 1160m
Temps de randonnée : 3h45
Un très grand merci à Victor pour nous avoir orchestré ce magnifique périple et guidés dans ce raid grandiose et mythique, à Michel pour son soutien technique dans les moments critiques et à tous pour l’engagement physique, la coopération et la franche bonne humeur ! Semaine magique !
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Participants : Béatrice, Emmanuel, Françoise, Georges, Josiane, Michel, Régine, Victor, Virginie.
Compte-rendu : Françoise
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